Naïs

23/07/2023

Une fois n'est pas coutume, cet après-midi nous avons décidé de nous partager le programme avec mes compagnons de festival. Comme vous le savez, Avignon c'est plus de 1500 spectacles et il est parfois difficile de faire un choix. Par malchance les deux spectacles que nous voulons voir tombent le même jour à la même heure. Qu'à cela ne tienne : impossible n'est pas nous ! Pendant que Julien et Martine* partent assister à Gourou au théâtre des Brunes, mon ami Irlandais Malachy* et moi allons voir Naïs à la condition des soies. Pas tout à fait le même registre me direz vous, c'est toute la richesse d'Avignon.

Naïs (Marie Wauquier) est une jeune provençale orpheline de mère et fille de Micoulin (Etienne Ménard) le métayer d'une famille de notables : les Rostaing (Lydie Tison). Naïs s'est liée d'amitié avec Toine (Arthur Cachia), un jeune garçon de la ferme, secrètement amoureux d'elle depuis leurs jeux d'enfant. Mais Toine est bossu et Naïs ne voit qu'en lui le presque frère qu'il a toujours été. Dans la garrigue personne ne peut s'approcher de la fille de Micoulin qu'il garde jalousement près de lui comme un trésor, ou plutôt comme son esclave personnel. Il faut dire que Naïs est belle et fraiche et les prétendants (Clément Pellerin) ne manquent pas. Là où l'histoire se complique c'est quand Naïs tombe amoureuse de Frédéric (Kevin Coquard) le fils de la famille Rostaing, un très beau jeune homme au look à la John McEnroe. Trop inquiet de voir sa fille lui échapper, Micoulin met en place un plan diabolique pour se débarrasser de l'insolent qui a osé poser son regard (et pas que) sur sa fille.

Dans ce grand classique de Pagnol, lui-même issu d'une nouvelle d'Emile Zola, c'est toute la Provence qui s'est donnée rendez-vous dans la cité des Papes. A peine la pièce a commencé que le public est immergé dans l'eau salée des calanques et on se surprend à entendre les cigales dans nos têtes. A croire qu'elles nous ont suivi depuis les rues de la ville. L'œuvre Pagnolesque n'a pas pris une ride. Elle appelle aux concepts de famille, d'honneur et de respect très importants dans la culture sudiste. Côté costumes, on est plutôt dans un registre « Naïs version 70's », cravate orange et marron, pantalon pattes d'eph, cheveux longs… Naïs porte des couleurs très chatoyantes toujours avec une touche d'orange symbole exaltation et de passion. La mise en scène est moderne, un peu à la Peter Brook. Il n'y a pas de décor et très peu d'accessoire, juste une chaise mi-tabouret-mi-marchepied. A noter la très belle interprétation du rôle Micoulin. Ses regards sous cape et sa malice machiavélique faisaient froid dans le dos. Le jeu de lumières associé à la poésie de la salle ronde de la condition des soies vient parachever ce spectacle.

Naïs, une bien jolie pièce de théâtre faite pour l'été, rafraichissante et qui remet bien volontiers au gout du jour l'œuvre de Marcel Pagnol.

Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella 

Auteurs : Marcel Pagnol (inspiré d'une nouvelle d'Emile Zola)
Adaptation : Arthur Cachia
Mise en scène : Thierry Harcourt
Chorégraphie : Bénédicte Charpiat
Interprète(s) : Arthur Cachia, Kévin Coquard, Etienne Ménard, Clément Pellerin, Lydie Tison, Marie Wauquier
Compositeur : Tazio Caputo
Régisseur : Maxime Moro
Compagnie Les Fautes de Frappe

*les prénoms ont été changés

La condition des soies - du 7 au 29 juillet à 13h35h - Relâches : 11, 18, 25 juillet

https://www.festivaloffavignon.com/programme/2023/nais-s34293/