Thomas joue ses perruques

07/11/2021

Lors du premier confinement, c'est une de mes cousines vivant à l'autre bout de la planète qui m'a conseillé de suivre plusieurs comptes Instagram pour aiguiller mon quotidien devenu plutôt morose. C'est donc un peu par hasard et sur ses conseils que j'ai découvert les vidéos emperruquées de Thomas Poitevin. Très vite je me suis prise au jeu de ses métamorphoses surréalistes, jusqu'à attendre avec impatience la mise en ligne de ses nouvelles vidéos. Alors quand j'ai appris il y a quelques mois que le comédien allait jouer ses perruques sur la scène du Théâtre du Rond-point, je n'ai pas hésité une seconde.

Le public est plongé dans l'atmosphère intimiste de la salle Jean Tardieu, baignée de lumière tamisée. Le rideau de scène est ouvert. Une grande table où sont disposées un bon nombre de perruques sur des niveaux différents occupe la quasi intégralité du fond de scène. Au bas de chaque costume capillaire, de petits écriteaux indiquent les noms des personnages qui nous sont familiers : Caroline (la célibatante), Daniel (l'ancien membres des forces spéciales aux douces rancœurs), Hélène (l'éternelle optimiste à la Mary Ingalls), Pierre (le faux poète aux vrais airs de Richard Gere), et bien sûr Laurence l'administratrice du théâtre l'Ethanol (ma préférée), accompagnée de sa fidèle assistante Marine. Divers accessoires sont également disposés sur chaque côté de la table : un balai de sorcière, des écharpes et foulards de toutes les couleurs, des vestes et gilets, un miroir, une chaise...

C'est par un cours de théâtre que le spectacle commence. Thomas, qui joue son propre rôle mais avec de faux cheveux, rentre sur scène. Pendant les premières minutes du spectacle, le comédien donne le ton en mélangeant l'absurdité et le comique de situation tout en obéissant presque aveuglément aux voix enregistrées. Puis il enchaîne le défilé de ses personnages tout aussi éclectiques les uns que les autres. Pendant un peu plus d'une heure ça déménage. A travers le prisme de ses rôles à contre-emploi, le public assiste au récit conjugal d'une partie de donjons et dragons, à un discours de mariage un poil gênant, tout en passant par un recadrage artistico-théâtral... Bref, des personnages à l'antithèse des braves mais dont les situations de vie sont teintées de réalité.

Côté jeu, il est à saluer la grande capacité de Thomas Poitevin à rentrer dans un nouveau personnage grâce à un simple changement d'accessoire. De plus, tout comme dans ses vidéos, le public a vraiment l'impression que Thomas dialogue réellement avec les voix enregistrées, personnages invisibles et tous incarnés par le comédien. La mise en scène signée Hélène François* allie la sobriété du théâtre moderne à la loufoquerie des situations. Un geste, un regard et le public éclate de rire.

Le point intéressant dans ce spectacle, c'est que le comédien n'est pas tombé dans le piège d'une simple reprise des vidéos déjà postées sur le net. Même si la plupart des personnages sont connus, tous ses sketchs sont inédits. De plus, il n'est pas donné à tout le monde de tenter le changement de support. Passer de numérique à la réalité relève d'un numéro d'équilibriste qui pour le coup est plutôt bien mené.

Au sortir de ce spectacle, il n'est pas faux de dire que le confinement a eu du bon car grâce aux petites capsules de rire postées sur Instagram, Thomas Poitevin a su fédérer un public bien réel qui a largement répondu présent au regard de la salle qui était comble. Tout comme ses vidéos, ce spectacle est plein d'humour mais il révèle également la tendresse de personnages auxquels le public s'attache et dont il a envie de suivre les aventures pendant un bon moment.

Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella

Texte : Thomas Poitevin, Hélène François, Stéphane Foenkinos, Yannick Barbe
Direction artistique et mise en scène : Hélène François
Avec : Thomas Poitevin
Régie générale : Thibault Marfisi
Création son : Guillaume Duguet
Création lumières : Bastien Courthieu
Production Théâtre-Sénart - scène nationale
Coproduction Studio 21, l'Equinoxe - scène nationale de Châteauroux, Théâtre du Rond-Point, Maison de la culture d'Amiens, l'Avant Seine - Théâtre de Colombes

*Merci à Hélène François que le hasard a mis juste à côté de moi dans le théâtre et avec laquelle j'ai eu la chance de m'entretenir quelques minutes au sortir de scène.

Photo : le théâtre du rond-point

Théâtre du rond-point - salle Jean Tardieu - 07 novembre 2021

Du 5 au 23 novembre à 20h30 et du 24 au 28 novembre à 18h30.

https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/thomas-joue-ses-perruques/