Souris pas!

13/08/2019

Qui a dit qu'à Paris, au théâtre, au mois d'août il ne se passait jamais rien? Certainement pas mon amie Odetta* qui m'emmène voir ce spectacle sans m'en dire beaucoup. Mais je connais Odetta, on peut la suivre au théâtre les yeux bandés tant son sens de l'humour est fin et tombe juste.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Karine Dubernet est plutôt mal en point. Dès les premières minutes de ce one-woman et par l'intermédiaire de sa conscience, le public apprend que la comédienne a sombré dans un profond coma et que petit à petit, elle s'apprête à vivre une expérience de mort imminente (décidément). A partir de là, Karine voit défiler son existence et se propose de nous en faire le récit. Entre deux tentatives de réanimation, Karine nous présente avec humour les grandes étapes de sa vie : de sa naissance aux forceps, aux relations avec sa mère, son enfance et ses activités extra scolaires, les jeux où elle faisait parler poupées et posters, ses premières amours, son orientation sexuelle pas toujours comprise, la naissance de sa vocation de comédienne avec son lot d'auditions, d'échecs mais aussi de satisfactions, sa formation de clown (dont une démonstration a laissé des traces sur les projos du point virgule), ses ruptures amoureuses, ses sorties en boîte, son choix de ne pas avoir d'enfant... et de nombreux autres sujets qui ne laisseront personne indifférent.

Ce one-woman show assez déjanté est placé sous le signe de la loufoquerie. Certes les sujets abordés peuvent paraître sérieux de prime abord, mais ils sont traités avec légèreté sans tomber dans le pathos. Pour vous mettre l'eau à la bouche et à titre d'exemple, Karine dresse une satire assez hilarante du sixième art dont la distribution de tracts au festival d'Avignon est le point culminant : des spectacles aux titres improbables, avec des noms de compagnies improbables, dans des théâtres improbables. Ce n'est ni du in, ni du off, ni du out... c'est juste improbable, mais quelque part, un peu vrai.


Côté jeu, Karine fait de la caricature son fer de lance et le public rit de bon cœur. Karine joue énormément de personnages et sans changer de robe (même pour les hommes), ni de place sur scène, la comédienne arrive à nous faire passer d'un protagoniste à l'autre juste par un changement de voix ou d'expression (exercice plus que périlleux en comédie). Des petits gestes assez justes et rondement bien amenés accentuent la caricature de ses personnages. Côté décor, la comédienne fait simple : une chaise blanche (comme à l'hôpital) qui tourne. Et ça marche.

Souris pas! Une petite perle de "bon humour" de cet été et que j'encourage à aller voir de toute urgence! Décidément, ce mois d'août est théâtralement riche en surprises.


Et maintenant, à vous de jouer!
Maria-Nella

* le prénom a été changé

Théâtre du point virgule - 13 août 2019 

Café de la Gare les 17, 18 et 19 septembre 2019