Mes adorées

06/03/2022

Edouard, un garçon plutôt lisse, à la bouille d'enfant de chœur, se présente face public tout de noir vêtu. Pendant un peu plus d'une heure et quart, le comédien va nous narrer son histoire et à travers ses yeux de minot, puis d'adulte, dresser le portrait de ses grands-mères qui ont marqué sa vie.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Edouard est un savant mélange de sud et de nord. Et quoi de mieux que le mime pour interpréter cette double identité ? Quand sa Mamie Adorée rentre sur scène, avec son accent chantant, ses déguns, ses peuchères, ses aubergines et sa farandole de couleurs, c'est toute la Provence qui envahit le plateau. A contrario, quand c'est au tour de Mamie Cocotte de prendre place, avec sa sobriété, son magasin de porcelaine, son goût des tartes faites maison, le tout sponsorisé par la cafétaria du BHV, c'est le tout Paris qui s'installe dans le théâtre. Toutes deux vont exprimer, à leur façon, leur amour pour ce poulbot des Calanques.

Dans ce spectacle touchant, le public passe du rire aux larmes. Chacun peut s'identifier à ce récit. Le comédien aborde des sujets parfois difficiles : la froideur de cette grand-mère qui tente malgré tout de rattraper les erreurs de ce père presque toujours absent, cette autre grand-mère toute en couleurs qui cherche par tous les moyens à lui donner un cadre, cette passion grandissante pour le théâtre qui ne sera jamais contrariée, tout ça avec pour toile de fond la lente descente aux enfers de cette mère au déhanché chaloupé et qui ne cesse pourtant d'aimer son fils.

Côté jeu, Edouard Collin monte progressivement en puissance. Se limitant de prime abord à la douche centrale, Edouard va envahir crescendo tout l'espace scénique jusqu'à se sortir littéralement les tripes. Concernant la mise en scène, il n'y a pas de fioritures inutiles : un peu de musique d'illustration juste quand il le faut et un jeu de lumière assez sobre pour mettre le texte et le mime au centre de ce spectacle.

En assistant à ce one-man, je ne m'attendais pas à être aussi interpelée par l'histoire de ce garçon, moi qui n'ai connu qu'une seule de mes grands-mères, doux mélange de mamie Adorée et de mamie Cocotte. Au-delà de l'aspect un peu caricatural des portraits de ses chères Mamies, Edouard nous enseigne l'ouverture d'esprit, la compréhension de l'autre et l'immense pouvoir du pardon. Un bel hommage à toutes les femmes de sa vie qui se sont pliées en quatre pour faire de lui ce qu'il est aujourd'hui. Et en ce jour de la fête des grands-mères, quoi de mieux que ce one man show pour exprimer tout notre amour et toute notre affection à celles qui ont bercé nos parents.

Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella

De et avec : Edouard COLLIN
Mise en scène : Izabelle LAPORTE

Article dédié à Mamy Lou et à Mamie Stella