Louise au Parapluie

22/07/2019

Il y a quelques mois, quand il a été question d'établir les grandes lignes du programme d'Avignon, on nous a fortement conseillé d'aller voir Myriam Boyer dans Louise au parapluie. Le souci avec les têtes d'affiches, c'est qu'à Avignon, ça passe ou ça casse. Mais avec Myriam Boyer on savait qu'on ne prenait pas trop de risque.

Un soir, Louise honnête ouvrière dans l'usine de parapluie du coin, décide un peu sur un coup de tête, de se présenter aux élections municipale. Elle ne promet pas la Lune à ses concitoyens (pardon, ses amis) car Louise a les pieds sur terre. Mais elle leur propose de les écouter et de les soutenir de toutes ses forces dans leurs difficultés du quotidien. Et elle en connait un rayon Louise en la matière : des fins de mois difficiles, un compagnon absent, un fils à élever toute seule...

Dans un décor "cuisine en formica de ma grand-mère" aux couleurs orange-marron, Myriam Boyer interprète magistralement le rôle de cette femme qui n'a rien à perdre ou plutôt qui a tout à donner. Devant les yeux incrédules d'un fils influencer (Guillaume Viry) habillé de joggings chatoyants aux étiquettes pandouillantes, Myriam va s'entourer d'un équipe de campagne plutôt restreinte mais efficace en la personne de Jacqueline (Prune Litchtlé), ouvrière comme elle dans l'usine de parapluie. Et tout ce petit monde va se mettre en quatre pour soutenir Louise dans son projet et la protéger du monde des élections qui ne sera pas toujours tendre avec elle. Sans en oublier d'où elle vient, Louise se lance dans son combat et ce n'est pas parce qu'elle a presque tous ses trimestres pour la retraite qu'elle est bonne pour l'ehpad. Au contraire, son combat la réveille et donnera un sens tout autre à sa vie.

Par un jeu artistique de projection sur le décor, l'histoire va nous emmener sur les différents lieux de sa campagne. Côté jeu, ce qu'il y a de frappant chez Myrima Boyer, c'est sa capacité à entraîner le public avec tendresse dans sa campagne (on n'a qu'une envie c'est de la serrer dans nos bras). Elle semble nous protéger de son parapluie géant. Les deux autres comédiens semblent tourner autours de ce soleil qui les entraînent avec douceur dans son projet. Guillaume Very arrive à interpréter un double jeu, celui du fils un peu bêta, très sceptique de prime abord mais qui cache une grande sensibilité. Prune Litchtlé y croit dur comme fer et dans un jeu dynamique et étourdissant va nous transmettre une énergie qui va nous faire rêver au succès de Louise.

L'histoire de cette pièce touchante est simple mais elle invite à une réflexion sur la société. Au delà du combat électoral de cette femme modeste, ce spectacle aborde des sujets très actuels : l'influence des réseaux sociaux, l'importance grandissante de la production locale avec un savoir faire et une grande qualité, la protection de la planète, les relations mère-fils pas toujours sur la même longueur d'onde. A la fin du spectacle tout le monde avait la banane (pour ne pas dire la prune). En passant devant la scène, une spectatrice s'est même attardé quelques instant devant l'étal de parapluies sur scène et en a examiné un de près. Je me suis même demandée si elle n'allait pas l'embarquer :-). Au regard de ce public qui semblait unanime, je ne serai pas étonnée que malgré la canicule, Avignon enregistre un pic de ventes de parapluies.
Bref, Louise au parapluie, une tête d'affiche très réussie.

Et maintenant, à vous de jouer!
Maria-Nella

Metteur en scène : Emmanuel Robert-Espalieu
Interprète(s) : Myriam Boyer, Prune Litchtlé, Guillaume Viry
Régisseur : Charles Degenève
Décor : Jean Michel Adam
Costumes : Camille Duflos
Diffusion : Céline Buet
Auteur : Emmanuel Robert-Espalieu
CINE 9 PRODUCTIONS
COPRODUCTION : PASCAL LEGROS ORGANISATION

Théâtre des Gémeaux - 21 juillet 2019

À 22H30 : DU 5 AU 28 JUILLET - RELÂCHES : 8, 15, 22 JUILLET