L'instant K

19/05/2019

Dimanche 19 mai 2019. Accompagnée de mon amie Camille-Angélique* qui a fait le déplacement depuis Toulouse, je retrouve mes compagnons de 6e art Julien*, Birgitte* et Michèle* devant le théâtre Montmartre-Galabru. Notre amie Odetta* va jouer ce soir en compagnie de ses camarades du cours Clément, la deuxième représentation de l'Instant K de Jean Franco.

La pièce commence par un monologue (à veste fleurie) qui résume le thème du spectacle : "Tout le monde se souvient de ce qu'il était en train de faire quand il a appris l'assassinat de John Kennedy". Pendant près d'une heure et quart, la petite troupe du cours Clément va enchaîner les scènes sur fond de melting-pot. En effet, à Berlin, Rio, Quebec, Londres, Lyon, Athènes, puis en passant par Sydney, une île déserte dans le Pacifique, le Pôle-Sud, Dhaka, New-York, Jérusalem, Florence, et même le Paradis, les comédiens jouent des scènes de la vie quotidienne jusqu'au moment où elles vont être bouleversées par cet événement tragique.

Sur scène le décor joue sur la sobriété. Deux chaises et un meuble blancs, faisant office à la fois de banc, bureau, berceau, barricade en fonction du sens dont ils sont posés, suggèrent toutes les situations. Ainsi, le public s'approprie la scénographie par son propre imaginaire. Dans le droit fil de ce concept, le code couleur est le blanc et le noir (à part une robe de chambre rose, un imper crème et un costume d'arbre de Noël :-) ). Parallèlement, même si l'imaginaire vole au grès des situations, les intermèdes musicaux transportent quant à eux directement le public dans le lieu des actions (Bossa Nova au Brésil, London's calling vers Cambden Town, Rhapsody in Blue à New-York...). Il est à souligner le petit côté surréaliste voire de science fiction des scènes se passant dans des lieux improbables comme le Paradis... ou autres endroits du ciel.

Au delà du multiculturalisme et parfois de ses stéréotypes (je pense notamment à l'exubérance italienne), à travers cet événement tragique de résonance mondiale, théâtralement l'instant K offre un éventail de situations et d'intentions. Ainsi, le public passe du rire aux larmes en un claquement de doigt du fait de situations simples du quotidien bouleversées par cet événement tragique. A noter, que l'une des premières interrogations des gens du peuple est de prendre des nouvelles de Jacky et de leurs enfants. Viennent ensuite des questions d'ordre politique. Qui va prendre la Présidence des Etats-Unis? Que va-t-il se passer ensuite d'un point de vue géopolitique?

Tout le monde peut s'identifier à travers l'assassinat du Président JFK et ce, en dépit du fait que c'est un épisode de l'histoire qui n'a peut-être pas le même impact pour la génération dont j'appartiens que celle de nos parents et grands-parents. Au sortir de la pièce, mes compagnons et moi-même avons comparé le retentissement de cet événement à celui vécu lors des attentas du 11 septembre. En effet, tout le monde se souvient de ce qu'il était en train de faire ce jour là.

Pour conclure sur cette interprétation de l'instant K, le travail et les efforts cette compagnie d'amateurs est vraiment à souligner. Certains puristes pourront dire que oui il y a eu quelques accrochages de texte mais honnêtement le jeu était plutôt juste. Il convient également de remettre les choses dans leur contexte. Ces comédiens amateurs travaillent leur spectacle sur leur temps libre et se donnent passionnément les moyens pour réussir. En privilégiant le fond et en laissant au public le choix de la forme, cette classe du cours Clément a su produire un spectacle moderne, original et de qualité. De manière plus générale et personnellement, pour "hanter" bon nombre de salles de spectacle et assister à de nombreuses pièces, je dois dire que les prestations de certaines compagnies et associations de théâtre non professionnelles valent largement le déplacement et pourraient prétendre à de plus grandes ambitions. Hier soir, cette classe du Cours Clément en a donné une parfaite illustration.

Bravo à toute la troupe (et aux profs)!

Et maintenant, à vous de jouer!
Maria-Nella


* les prénoms ont été changés

PS : pendant le spectacle, je crois deviner un clin d'œil qui m'est directement adressé. Dans ses cheveux, Odetta portait un bandeau blanc à motif de cartes à jouer, accessoire de la comédie cartes sur table jouée l'an dernier par la troupe des DidasKalis au théâtre du Gouvernail. Merci!

Cours Clément
Texte de Jean FRANCO
Mise en scène Victorien ROBERT
Avec : Fabrice ALMEIDA, Martin BAILLON, Maël BASEILHAC, Leslie COUTY, Camille FAURE, Jessica GBEGNON, Marie-Gabrielle GLOCK, Hélène HAVIN, Giorgio LOFARO, Fabrice LONEGA, Thierry MULOT, Meriem SEFTA, Estelle TRANSY

Théâtre Montmartre-Galabru - 19 mai 2019

Crédit photo : le cours Clément