Le suicidé

10/03/2020

C'est une première ce soir ! Je vais découvrir la toute première pièce professionnelle de la promotion 2019 de l'école de théâtre Raymond Acquaviva : le suicidé. Bon ok, je vous vois venir, enfin surtout zapper la lecture de mon article. Je le reconnais, il est vrai qu'à la première évocation de ce titre, le spectacle ne présage pas de bons moments de franche rigolade. Pourtant, le suicidé offre de bonnes occasions de rire par des situations plus que cocasses mais également simplement par son récit.

Sémione Podsékalnikov a un peu ce qu'on peut appeler la "schkoumoune". Le pauvre homme est au chômage et toute sa famille (belle-mère comprise) vit sur le salaire de sa femme. Il se raccroche désespérément à un projet professionnel un peu loufoque : apprendre à jouer de l'hélicon. Très vite il déchantera. Désespéré et pour se consoler, Sémione s'isole volontairement afin de noyer son chagrin en dégustant du saucisson de foie (la bouffe, y’a que ça de vrai). Sa famille persuadée qu'il va faire une con(grossièreté)rie, rameute le voisinage pour l'empêcher de commettre l'irréparable. De là, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Tour à tour, Sémione va voir débarquer dans sa vie d'illustres inconnus qui vont chercher à récupérer sa mort prochaine dans le but de servir leurs causes. Sans trop comprendre ce qui lui arrive vraiment, Sémione qui n'avait jusque-là pas de grandes perspectives d'avenir devient le nouveau messie, le libérateur, celui qui de son sang va servir la cause. Mais laquelle ? Choix cornélien...

Dans ce drame, les jeunes diplômés de l'école Raymond Acquaviva nous livre une interprétation empreinte d'universalité de l'œuvre de Nikolaï Erdman. En effet, au delà de l'aspect cocasse de la situation, le texte pose de réelles interrogations et traite d'un sujet qui pourrait parfaitement s'appliquer de nos jours : la récupération de la disparition de quelqu'un pour servir des causes plus ou moins justes. 

La mise en scène fait le pari volontaire de placer l'action scénique dans une époque assez proche de la nôtre. Le décor est simple et modulable : deux caisses de bois et deux palettes bariolées de peinture se transforment en assises, en bar, en lit et autres meubles... Sans vouloir « spoiler » le spectacle, les premières scènes sont très intéressantes car jouées dans la semi-obscurité.

Le suicidé : la première pièce professionnelle des diplômés 2019 de l'école de théâtre Raymond Acquaviva. Ces jeunes gens ont prouvé qu'ils avaient du talent et au regard de leur prestation, je me dis que le théâtre a de beaux jours devant lui. Comme quoi, on en fait des découvertes dans les salles de spectacles.

Et maintenant, à vous de jouer !!!
Maria-Nella

De Nikolaï Erdman
Mise en scène : Quentin Defalt
Assistante Mise en scène : Laetitia Franchetti
Avec : Baghéra Barcat, Lucas Barraud, Sarah Bretin, Fabien Desvigne, Romain Duquaire, Mélanie Flamand, Laetitia Franchetti, Edouard Golbery, Alexia Oddo, Ronan Vernon
Les lundis à 20h30 du 10 février au 30 mars