Le portrait de Dorian Gray

21/10/2023

Londres. Epoque Victorienne. C'est dans l'atelier de son ami Basil Hallward, un peintre reconnu de la haute société anglaise, que Dorian Gray, un jeune dandy au visage aussi doux qu'innocent se fait « tirer le portrait ». Au cours de la séance de pose finale, Basile se voit contraint de présenter à Dorian, Lord Henry Wotton, dit « Harry », un vieux-beau, cynique, moqueur, misogyne, désinvolte… enfin quelqu'un bourré de qualités. Face à la beauté quasi mystique de Dorian et du portrait que Basile a vertueusement réussi figeant à jamais la jeunesse de son modèle, Harry entreprend de corrompre l'âme du jeune homme. Par de belles paroles et des envolées lyriques, Harry recommande à Dorian de profiter de la vie par la quête perpétuelle de plaisirs parfois même au détriment d'autrui. La graine du vice ainsi plantée, le mal va petit à petit prendre possession du cœur de Dorian telle une mauvaise herbe envahissante, jusqu'à ce que ce dernier pactise avec son propre portrait en lui ordonnant de vieillir à sa place.

Dans cette adaptation de l'œuvre d'Oscar Wilde, Thomas Le Douarec ouvre les portes d'un chemin d'introspection philosophique vers ce qu'il peut y avoir de plus sombre même chez le plus innocent des hommes. Les concepts de jeunesse éternelle, d'hédonisme et de corruption gravitent autour du portrait de Dorian placé à jardin et que le public ne verra jamais, comme si le simple fait de poser son regard sur la toile pouvait le pétrifier. Le portrait est le seul élément permanent du décor comme le trait d'union entre le début et la fin de la pièce.

Le jeu des comédiens est de qualité, juste et authentique. Le public y croit du début jusqu'à la fin. Il régnait un silence quasi religieux lors de la première. La scénographie de la pièce se veut la plus sobre possible et se fonde principalement sur des jeux de lumières et d'ombres chinoises projetées sur de la fumée. La musique originale vient parachever l'aspect obscur de cette pièce. Quelques pointes d'humour, parfois assez noir, viennent faire pétiller cette œuvre offrant quelques rayons de lumière perçant le lourd rideau obscur de l'âme de Dorian.

Pour conclure, le portrait de Dorian Gray est une œuvre spectrale, soignée et invitant à un voyage intérieur. Tout visage, toute âme, tout cœur, les plus innocents soient ils, peuvent se voir corrompre par la perspective irréelle de la jeunesse éternelle.

Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella

Auteur : Oscar WILDE
Mise en scène : Thomas Le DOUAREC
Avec : Mickael WINUM, Fabrice SCOTT, Maxime de TOLEDO, Caroline DEVISMES, Marylou SALVATORI et Thomas Le DOUAREC
Costumes : José GOMEZ d'après les dessins de Frédéric PINEAU
Musique originale : Mehdi BOURAYOU
Lumières : Stéphane BALNY