Ils ne mouraient plus mais étaient-ils encore vivants?
Dans "ils ne mouraient plus mais étaient-ils vivants", la scène du théâtre de l'oulle semble être coupée en deux. Devant, se déroulent les scènes de la vie quotidienne. Au fond, à travers un fenêtre opaque, sont jouées des scènes plus floues relevant parfois du rêve (ou du cauchemar). Il faut souligner le décor à la fois sobre et travaillé. Toutes les parois, voire des éléments du décor semblent être un immense tableau noir sinistre sur lequel sont inscrits les prix exorbitants des services aux personnes âgées, ainsi que le plan diabolique de la fratrie. A certains endroits dans les parois, on devine des espaces qui communiquent vers le fond de scène en mode "passe-muraille" et qui tracent le trait d'union entre rêve et réalité.
Ce que je craignais est arrivé car au sortir de la pièce je suis très émue. J'ai ri, même beaucoup mais j'ai pleuré aussi car ce sujet m'a touché particulièrement. Ma grand-mère a vécu chez nous pendant les 8 dernières années de sa vie et ce ne fut pas toujours drôle surtout pour ma mère. Quant à mes notes, elles ne ressemblent à rien. On croirait un cahier sur lequel un enfant de l'école primaire s'est acharné. Mais l'émotion est là et c'est ma meilleure alliée pour écrire cet article car au delà de l'aspect humoristique dont ce sujet est traité, cette pièce nous interpelle sur la condition des personnes âgées et sur leur place dans notre société. Elles nous rappelle à quel point celles-ci pouvaient être actives étant jeunes jeunes et à quel point les enfants peuvent se sentir démunis face à la décrépitude de leurs parents. Au final, ces êtres à la fois tant aimés mais parfois tant détestés du fait de leur dépendance nous quitteront fatalement, laissant certes derrière eux peut-être un soulagement pour l'entourage mais aussi et surtout un grand vide.
Maria-Nella
*Le prénom a été changé.
Metteur en scène : Sophie Gazel
Interprète(s) : Victoria Monedero, Pablo Contestabile, Cecilia Lucero, Tomas Reyes, Dorothée Dall'Agnola, Dioline Coucaud
Lumières : Pierre Montessuit
Musiques : Antoine Banville, Christophe Sechet
Son : Fabien Vandroy
Décors : Goury
Scénographie : James Boucher

La Factory - Théâtre de l'Oulle - 20 juillet
Du 5 au 28 juillet 2019 - 14h05 - Relâches les 5, 15 et 22 juillet 2019