En Apparté

23/07/2019

Pour cette dernière ligne droite de notre festival d'Avignon 2019, c'est un spectacle d'impro qui a piqué notre curiosité. Il fallait bien qu'on en fasse un. Deux jours plus tôt, à la terrasse d'un café, Agathe*, Brigitte*, Julien* et moi-même avons été abordés par la compagnie d'improvisation Les Magalops. Habillés d'un t-shirt vert fluo et munis de flyers et de badges gentiment offerts aux festivaliers, cette troupe nous a paru très vite sympathique. Malheureusement, seules Agathe et moi avons pu assister à ce spectacle, les autres étant déjà rentrés sur Paris.

C'est notre dernier jour de festival et deux heures nous séparent du départ de notre train. Dans la salle aux sièges sans doute les plus confortables de tout le festival, nous nous installons au premier rang (pour caser mes jambes) sous une douce climatisation. J'ai limite envie de dormir tant mon corps réclame un peu de fraîcheur et de confort. Mais cette sensation passe vite car en un éclair le spectacle commence. Cinq comédiens tout de noir vêtus se présentent face à nous. Ils sont en ligne et vont nous expliquer tour à tour le concept du spectacle du jour et dont nous serons les commanditaires.

A la base, le thème est unique : un immeuble de trois étages et des voisins qui y évoluent. C'est après que ça se complique. Le public doit choisir quel(le)s comédien(ne)s habitera au premier, deuxième et troisième niveau. Quand il s'agit d'un groupe de deux, le public choisi également quelles sont leurs relations. Plus généralement, il faut également déterminer quels sont leurs objets fétiches, sont-ils nerveux, calmes, enjoués, quelles sont leurs peurs, leurs métiers, leurs passions, leurs couleurs préférées, l'âge du capitaine et j'en passe. Des éléments assez précis mais qui constituent toute l'architecture de ce spectacle 

Ce jour là, le premier étage est habité par un couple d'hommes, ensemble depuis six ans et pacsés. L'un est flic et ne quitte jamais son sifflet, l'autre est bourré de tics nerveux. Le deuxième étage est loué par un vieux célibataire dont la vie tourne autours de ses plantes vertes (ses enfants comme il aime à le dire) et de sa passion pour les constructions en allumettes. Le troisième et dernier étage, est occupé par une vielle dame et son fils. La pauvre femme a développé une peur panique de la viande rouge. Compliqué pour son garçon, boucher de profession et qui fait croire à sa mère qu'il tient une boutique de légumes bio. Sacré mélange! On sent que la marmite en forme de building va fatalement exploser. On nous demande aussi de choisir une expression qui sera la phrase de conclusion du spectacle. Ce jours là ça sera "qui ne tente rien n'a rien".


Pendant un heure, le public va plusieurs fois grimper puis descendre à toutes blindes les étages de cet immeuble de fous. Ainsi, sur fond de trafic de marijuana, de conflit de voisinage, d'incendie et de plantes vertes, la troupe de Mégalops va nous entraîner dans une histoire rocambolesque dont ils n'avaient même pas idée peu de temps auparavant et qui ne manquera pas de piment. L'action ne se limite pas aux trois étages. De temps en temps certaines scènes sont jouées dans les parties communes, l'ascenseur par exemple. Moment très drôle de cette impro, quand les comédiens décident de jouer une partie du décor, à savoir des allumettes d'une des constructions. Belle imagination!

Comme pour toute impro, le plateau est nu et les costumes très sobres pour que l'imagination soit la plus libre possible. Aidé de quelques accessoires (mais pas trop) à savoir, deux perruques et trois drapeaux, les Mégalops vont parvenir à tisser une histoire qui tient la route. Au cours de ce spectacle, il est arrivé (rarement) que certains gags tombent un peu à plat par manque d'écoute. Mais c'est toute la difficulté en impro et généralement la troupe s'en sortait plutôt bien. Les rires étaient au rendez-vous. Difficulté supplémentaire, la régie était également dans le coup. Au fil de l'histoire, le régisseur s'amusait à rajouter des contraintes de lumières ou de son. Mais pour lui-aussi, ce n'était pas une mince affaire. Il devait continuellement s'adapter au rythme de l'histoire et des saynètes. Bref, au bout d'une heure de va-et-vient, de tranches de rosbif volants, de pétards, de perruque, d'allumettes, de coups de sifflet, de baisers, la phrase "qui ne tente rien n'a rien" est prononcée et le rideau tombe.

Ce jour là les Magalops ont fait le job et même bien fait le job. Ce n'est pas donné à tout le monde de relever le défi de créer une histoire pendant une heure, qui tient la route et drôle en plus. Les comédiens étaient dedans, le public avait la pêche et nous, nous ne voulions plus repartir. On ne peut que souhaiter un très bel avenir à cette troupe au cœur gros comme un immeuble de trois étages, parties communes, cave et grenier compris. En Apparté : un spectacle qui fut le bouquet final de notre festival.

Et maintenant, à vous de jouer!
Maria-Nella

Les prénoms ont été changés.

Auteur(e)s : Les Mégalops
Mise en scène : Les Mégalops
Interprète(s) : Anne Baudaux, Garance Bertin, Simon Dall'aglio, Tom Da Sylva, Samuel Maïon-Fontana, François Saumier, Raphaël Rouballay
Régie : Laura Dall'aglio, Nelly François, Coline Lescure
Compagnie : Les Mégalops

Théâtre Pixel Avignon - 23 juillet 2019

À 15H30 : DU 17 AU 28 JUILLET

https://www.avignonleoff.com/programme/2019/en-apparte-s26241/