BRONX

07/09/2019

Pour cette rentrée au_théâtre, ce soir j'ai rendez-vous avec Julien* pour assister à la pièce Bronx à la scène libre. Je ne connais pas ce théâtre et je vous avoue que j'ai un peu la trouille. D'expérience, quand on va voir un spectacle avec une tête d'affiche de la trempe de Francis Huster, on est rarement en tête à tête avec le comédien. On doit le partager avec au moins 499 autres spectateurs. En outre, j'avais peur de rentrer dans une salle IMMENSE, avec un plateau IMMENSE et des décors IMMENSES, d'être placée au fond tout à gauche derrière un gaillard de 2 mètres de hauteur (avouez que ça nous est tous arrivé au moins une fois) et de devoir me contorsionner pour apercevoir le comédien. Mes craintes sont vite balayées quand j'entre dans la salle qui a ma grande et bonne surprise est assez intimiste. Le seul couac fut le pilier au milieu du public et qui m'empêchera de voir toutes les sorties à jardin. Mais là n'est pas l'essentiel. Public vite installé, pièce vite commencée. 

Cologio est un jeune bambin d'origine italienne et vivant dans le Bronx du New-York des années 60. Ses journées sont rythmées par sa passion du Baseball, sa vie de famille avec ses autres frères et sœurs, sa mère en bonne "mamma italiana" et son père Lorenzo, un honnête chauffeur de bus. Quand il n'a rien à faire, Cologio passe son temps à s'asseoir sur les marches de son immeuble à observer son environnement et les gens qui l'entourent. Parmi tous ces personnages, Cologio est en adoration pour Sunny, le caïd du quartier qui ne laisse personne indifférent. Un soir, Sunny commet un meurtre sous les yeux du petit garçon. Seul témoin du crime, ce dernier décide de mentir à la police par crainte ou par admiration et de ne pas dénoncer Sunny. Du haut de ses 9 ans, Cologio devient malgré lui complice du caïd qui de facto se transforme en deuxième père. De cette double relation filiale, naît un conflit permanent entre une famille honnête qui cherche par tous les moyens à s'intégrer par le travail et une famille de gangsters qui cherchent à s'imposer par des magouilles en tout genre.

La mise en scène plonge le public dans un environnement urbain. La scène est quasi nue mais elle transpire un univers métallique citadin. En effet, une table basse en acier à jardin et deux chaises en fer à cour (qui me feront penser aux chaises "tape-cul" des cours de math au lycée) sont les seuls accessoires de la pièce. Dans le fond de scène, une toile tendue peinte d'une couleur gris métal fait office d'écran de projection mais également de frontière avec le fond du plateau où des scènes en ombre chinoises sont jouées. Une porte en fer de style 20.000 lieux sous les mers à cour menant vers l'arrière scène en est le point de passage. Comme un fait exprès, le métal est présent partout, même dans les projections de façades d'immeuble New-Yorkais avec leurs escaliers d'évacuation et qui ont inspiré la façade du théâtre du Palais Royal. Côté ambiance, le texte met l'accent sur cette famille d'immigrés italiens partagée entre la nostalgie d'un pays qu'elle a quitté et la volonté d'absorber la culture de la terre d'accueil.

Pour ce qui est du jeu de Francis Huster... faut-il encore le dire? Et bien ce fut du Francis Huster à l'état pur, une référence. En un peu plus d'une heure dix, Francis nous interprète une multitudes de rôles. A la différence de beaucoup, le génie de ce comédien est qu'il n'a pas besoin d'en "faire des caisses" pour passer d'un personnages à l'autre. Par un simple jeu de masque, en contractant quelques muscles du visage et sans prononcer le moindre mot, le public sait quel personnage Francis est sur le point d'interpréter. Très belle leçon de théâtre. De plus, tout au long de ce monologue, le comédien sue (au sens propre comme au sens figuré) ses personnages avec force. J'avais envie de lui tendre une serviette et ma bouteille d'eau à la fin d'autant que Francis joue en manteau et que physiquement il occupe tout l'espace par de multiples aller et venus. Bravo pour la performance physique!

Pour finir, si je devais résumer en quelques mots ma sortie, je dirais que ce fut une rentrée théâtrale plutôt réussie, avec un Francis Huster au top, le tout dans une salle intimiste qui permet une grande proximité avec le comédien. Bronx, une pièce qui a toute sa place dans les spectacles de référence de ma rentrée 2019.

Et maintenant, à vous de jouer.
Maria-Nella


*le prénom a été changé

De : Chazz PALMINTERI
Adaptation : Alexia PERIMONY
Avec : Francis HUSTER
Mise en scène : Steve SUISSA
Décor : Jean HAAS
Son & musique : Maxime RICHELME
Lumières : Jacques ROUVEROLLIS
Assisté de : Jessica DUCLOS
Vidéo : Antoine MANICHON
Assistante à la mise en scène : Stéphanie FROELIGER

La scène libre (le Comedia) - 7 septembre 2019