Britannicus - Tragic Circus
Attention Mesdames et Messieurs ! Dans un instant, ça va commencer ! Vous allez très vite être emportés dans un monde insoupçonné : le monde de la tragédie au sens « Racinien » du terme mais pas que ! Oui, dans un instant vous allez être catapultés sous le chapiteau d'un cirque ! Et pas n'importe lequel. Celui qui a élu domicile sur la scène du théâtre du Balcon. Au programme, des jongleries, des paillettes, du clown, du trapèze, des cascades de couleurs et du dressage… beaucoup de dressage ! Alors installez vous bien confortablement dans votre fauteuil et ouvrez bien vos yeux et vos oreilles. Ça va commencer.
Rien ne va plus sous le chapiteau de l'Empire Romain en ce mois de mai 68. L'empereur Claude n'est plus. Sa femme Agrippine, ivre de pouvoir et qui n'y est sans doute pas pour rien dans la disparition de son époux, souhaite placer sur le trône son fils Néron bien connu pour être un enfant de chœur. D'ailleurs l'une de ses premières actions est de jeter son dévolu sur Junie la future épouse de son frère Britannicus, le plan bien pourri pour des relations de famille apaisées. Comme sa future-belle-sœur-et-peut-être-future-épouse ne l'entend pas de cette oreille, Néron décide de la faire enfermer au grand dam de son frère Britannicus un rien vénère, de sa mère Agrippine, de Narcisse et Albin ses conseillers et de toute la smala. La question qui va alors se poser à Néron sera donc la suivante : le pouvoir ou l'amour ? Il va falloir choisir. Et pourquoi pas les deux ?
Quand je suis rentrée dans la
salle du théâtre du Balcon, j'avoue que je ne m'attendais pas trop à ce que j'allais
voir. J'avais dans l'idée d'assister à une version quelque peu transformée de
la grande tragédie de Racine mais delà à ce qu'elle soit autant métamorphosée,
je planais littéralement à 10.000 comme dirait mon neveu. En effet, la troupe
des épis noirs a complétement remis à plat le Britannicus de Racine pour se l'approprier
dans tous les sens du terme. Déjà le texte original de Racine est un peu
transformé car le langage moderne côtoie volontiers les alexandrins. Il est
agrémenté parfois de phrases en saxon et les rimes ne correspondent pas toujours.
Il est également truffé de jeux de mots volontairement anachroniques mais délibérément
drôlissimes. De plus, tout ici rappelle l'univers du cirque : des costumes
extravagants et chatoyants en passant par un maquillage exubérant, sans parler
d'une quantité phénoménale de paillettes et de plumes (comme dans Burlesk). En
fond de plateau, apparait un bout de la toile du chapiteau par laquelle les
comédiens rentrent progressivement sur scène avant d'apparaitre en pleine
lumière. Un trapèze pend du plafond à jardin et en devant de scène, de part et
d'autre, sont disposés des cordages. Sur le plateau des estrades de
cirque sont déposées ça et là. Enfin, la musique est littéralement le septième comédien
de « Britannicus – Tragic Circus ». Je me suis même demandée si Britannicus
(Jules Fabre) n'allait pas péter une guitare sur scène en mode « Sex
Pistol ». Origines
anglo-saxonnes obligent, Malachy* en faisait des bons sur son siège.
Côté jeu, les comédiens se
donnent à 10.000% dans une interprétation ultra dynamique et haletante. A noter
le jeu exceptionnel de Néron (Tchavdar Pentchev). Au moment
où il prend le public à parti dans des ruptures de quatrième mur bien senties,
ses expressions faciales accentuées par un maquillage et une lumière venant du sol
souligne au possible l'impression de folie qui ronge Néron.
Pour conclure, si vous aimez les pièces classiques mais pas trop et les tragédies où on rigole beaucoup malgré tout, le Britannicus des épis noirs version loufoque, déjantée et rock'n roll est fait pour vous. Britannicus – Tragic circus : attachez vos ceintures, ça va plus que décoiffer !
Et maintenant, à vous de jouer !
Maria-Nella
Auteur : Pierre Lericq (sur une idée originale de Jean
Racine)
Mise en scène : Pierre Lericq
Interprète(s) : Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar
Pentchev, Marie Réache, Juliette de Ribaucourt
Costumes : Chantal Hocdé Del Pappas
Lumières : François Alapetite
Son : Jules Fernagut
Décors : Yves Kuperberg
Musique : Pierre Lericq
Assist. Mes : Bérangère Magnani
Atelier Théâtre Actuel
Compagnie les Epis Noirs
Le prénom a été changé*

Théâtre du Balcon - du 7 au 26 juillet à 19h55 - Relâches : 13, 20 juillet
https://www.festivaloffavignon.com/programme/2023/britannicus-tragic-circus-s33755/